lundi 5 décembre 2011

"AUTOMNE et HIVER", de Lars Norèn Editer Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Écrit par Claude KRAIF   
03-12-2011
"AUTOMNE et HIVER", de Lars Norènau Lucernaire 
du 9 novembre 2011 au 7 janvier 2012
Mise en scène : Agnès Renaud
Avec : Christine Combe, Virginie Deville, Patrick Larzille, Sophie Torresi
Un repas de famille, le père la mère, les deux filles. Ils échangent des propos aimables. Peu à peu la pression monte. Les non-dits se joignent aux oui dires. Les allusions sont de plus en plus précises. Les échanges deviennent  violents. Le ton monte puis s’apaise dans des réconciliations provisoires. Le passé ressurgit comme un intrus dans ce jeu familial fait de mensonges, de frustrations et de faux semblants. Rien donc d’original si ce n’est le jeu remarquable et vrai des comédiens. Ils nous entraînent dans une sorte de fascination qui va crescendo. Ils sont comme les archétypes de notre époque sans repères,  cherchant à trouver un semblant d’équilibre et à combler le vide qui s’est installé dans leur ventre et dans leur cœur. Ils sont comme un miroir brisé qui nous renvoie une image à la fois dispersée et multipliée sur les dizaines d’écrans des supermarchés, un fragment pour l’amour, un fragment pour la vie, un fragment pour la tristesse, un fragment pour l’indignation et un fragment, le pire de tous, celui de la résignation.
Chaque scène s’interrompt par une remise en perspective comme un marin qui doit faire le point avant de choisir son cap. La table sur laquelle sont disposés les verres est poussée dans des directions diverses comme un véhicule qui cherche sa route contre vents et marées. Cette table c’est un bateau qui ressemble à un lit d’hôpital avec ses roulettes et ses pieds métalliques. Les verres sont remplis et vidés. L’alcool fait l’effet anesthésique providentiel qui, à défaut du pardon, permet un éphémère oubli. Le bateau est encore à flot pour le meilleur et pour le pire.
Claude Kraif
 

mardi 29 novembre 2011

"BALADIN DU MONDE OCCIDENTAL (LE)", de John M. Synge - Elisabeth Chailloux Editer Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Écrit par Claude KRAIF   
28-11-2011
ImageThéâtre d’Ivry Antoine Vitez  du 3 au 30 novembre 2011
Théâtre de la piscine à Chatenay-Malabry   6  décembre 2011
11 et 12 janvier 2012 Fontenay en scènes  Fontenay sous bois
Mise en scène : Elisabeth Chailloux
Texte français : Françoise Morvan
Avec :  Isabelle Cagnat, Valentine Carette, Etienne Coquereau, Jean-Charles Delaume, Thomas Durand, Serge Gaborieau, David Gouhier, François Lequesne, Catherine Mongodin, Lison Pennec, Cassandre Vittu de Kerraoul
Cette pièce, ce n’est pas la naissance de la tragédie mais la mort de la tragédie. Tout s’inverse. Tout est bousculé, la morale, le langage, les mœurs, une farce ironique avec le bien et le mal qui se renvoient la balle dans un incroyable jeu de retournement.
Tour à tour, le fils, criminel, innocent, héroïque ou banni, le père plus vif que mort, ressuscité d’un nouveau genre, indestructible, fort du droit séculaire des tyrans fondateurs, la société aussi, qui trouve l’étalon protecteur et qui donne volontiers ses filles au plus fort, au plus offrant, pardonnant volontiers le pire de tous les crimes.
Le décor, un pub irlandais où la bière coule à flot, au centre un braséro, au dessus un balcon qui permet le va et vient des comédiens entre le haut et le bas. c’est la dualité même qui s’expose. Les hommes sont habillés de redingotes noires, les femmes sont vêtues de jupes colorées jaunes ou rouges.
L’adaptation de la pièce de Synge est particulièrement réussie. La mise en scène pleine de vitalité se met au service de cette farandole de vie et de mort. Le jeu est endiablé, puissant. La parole est primitive, créatrice, inventive. De cet enthousiasme, il ressort une énergie vitale dont le baladin est porteur, un nouveau baladin dont le  monde occidental a peut être besoin.
Claude Kraif

mardi 1 novembre 2011

LE PONT Spectacle funéraire

"PONT (LE)" Spectacle funéraire Editer Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Écrit par Claude KRAIF   
30-10-2011
28 octobre 2011 à 16h et 20h à Avignon
29 octobre 2011 à 16h à Avignon
1 novembre 17h à Saint Menoux (Allier)
3 novembre 2011 à 16h à St Barthélémy (près d'Yverdon, Suisse)
5 novembre 2011 à 20h30 à Paris
6 novembre 2011 à 15h et 19 à Paris
10 novembre 2011 à 20h au Château de Limé (près de Reims)
13 novembre 2011 à 16 à Strasbourg
Mise en scène : Thomas Daviaud
Eurythmie : Marie-Annick Gerdin et Laurence Pouply
Récitation : Thomas Daviaud et Gabriel Desrochers
Direction chorale Dominique Alavoine
Violoncelle : Gabriel Desrochers
De quel pont s’agit-il ? De quel passage ? de quelle traversée ?
Sur la scène un récitant avec son violoncelle. Des voix nous parviennent à la manière d’un chœur antique. Le pont serait-il ce qui réunit ceux que l’on croyait séparés pour toujours ? Va-t-il du monde des vivants à celui des morts ?
En même temps que la musique, arrivent deux femmes vêtues de voiles qui se mettent à danser sur les mots et sur la musique. Elles sont comme des apparitions qui prennent corps par le mouvement. Le geste naît de la parole et la fin devient le commencement. Le dialogue s’instaure comme une réconciliation avec un au-delà amical, serein, et le monde turbulent dans lequel nous vivons. Ce spectacle plein de vitalité utilise paradoxalement le théâtre comme lieu privilégié de ce qui est fondateur, depuis la préhistoire, de toutes les civilisations ; la mort et l’art funéraire qui l’accompagne.
La mise en scène réunit avec bonheur, la danse, la musique, la parole, avec en  particulier, l’Eurythmie, à la fois mouvement et langage. La lumière, la couleur, les voiles, la beauté des chants, servent de décor.
De quel Pont s’agit-il ? De quel passage ? De quelle traversée ?
Je propose «  Le Pont des Arts ».
Claude Kraif
Avignon le 30/10/2011  

lundi 1 août 2011


"CENDRES SUR LES MAINS", de Laurent GaudéConvertir en PDFVersion imprimableSuggérer par mail
Écrit par Claude KRAIF   
31-07-2011
"CENDRES SUR LES MAINS", de Laurent GaudéThéâtre du Centre : Du 8 au 31 juillet 2011
Mise en scène et scénographie :  Anne Rousseau
Avec : Mercedes Chanquia-Aguirre, Catherine Le Goff, Frédéric Tellier
Musique : Christine « Zef » Moreau
Chorégraphie : Mercedes Chanquia-Aguirre
Des masques balinais recouvrent les  visages des deux fossoyeurs. Leur gestuelle est proche de la danse balinaise et de la Commedia dell Arte. Une femme vient sur la scène et s’installe devant un micro. Elle murmure. Elle implore. Elle déplore. La parole de Laurent Gaudé s’élève, avec  force et poésie. La comédienne s’adresse aux morts. Elle prend la forme des corps sans vie dans une danse qui cherche à en restituer la mémoire. Elle évolue sur la scène de la tragédie cherchant à sauver ce qui doit subsister. Par contraste, les deux fossoyeurs à la fois grotesques et misérables, discutent du meilleur moyen de faire leur travail, sans le moindre état d’âme.
Ce spectacle est d’une beauté sombre, envoûtante, parfois drôle. La danseuse est à la fois belle et  tragique. Le langage gestuel donne à l’ensemble une dimension fantomatique. On ne sait pas ce qui est le plus épouvantable de cette fosse commune où sont entassés les cadavres ou de l’indifférence de ces deux travailleurs soucieux seulement de leur condition de travail. Mais le chant de la femme exorcise l’horreur pour sauver ce qu’il faut sauver, l’humanité.
 

"YAACOBI et LEIDENTAL", de Hanokh LevinConvertir en PDFVersion imprimableSuggérer par mail
Écrit par Claude KRAIF   
31-07-2011
"YAACOBI et LEIDENTAL", de Hanokh LevinSalle Roquille : Du 8 au 31 juillet 2011
Mise en scène : Henri  Bonnithon
Musiques : Alain Territo
Avec : Anne-Marie Vidal, David Levadoux, Alain Vidal
Cette pièce est drôle, tragiquement drôle. Deux hommes, une femme, l’amour, la jalousie, l’orgueil, la ruse, tout y est, du masculin au féminin, du désir, à l’angoisse, du bonheur au malheur. On rit beaucoup, intérieurement, un peu gêné. Cette pièce est un miroir à peine déformant dans lequel monsieur et madame tout le monde peuvent se reconnaître.  Grandeur et misère de l’homme quand souvent ne reste que la misère.
La mise en scène accentue volontairement le côté burlesque et vaudevillesque. Les comédiens interprètent avec une justesse teintée d’ironie la dualité des personnages, risibles et graves,  aimables et odieux. Ils ont toute l’énergie et toute la bonne volonté pour améliorer leur condition mais dans ce monde cruel, inutile d’insister, la pierre de Sisyphe re-dégringole toujours. Pourtant il n’y a pas d’autre solution que de toujours recommencer. Il ya un aspect désespérant dans cette histoire mais il reste un espoir pour l’homme. C’est de toujours garder son sens de l’humour.
 

samedi 30 juillet 2011

"QUE D’ESPOIR !", de Hanokh Levin Editer Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Écrit par Claude KRAIF   
29-07-2011
"QUE D’ESPOIR !", de Hanokh LevinThéâtre des Halles : Du 7 au 29 juillet 2011
Cie du Jour au Lendemain
Mise en scène : Agnès Régolo
Avec : Catherine Monin, Nicolas Chatenoud, Guigou Chnevier, Nicolas Geny, Fred  Giulani, Kristof Lorion, Guillaume Saurel
Les comédiens sont aussi des musiciens. Ils vont de l’estrade à l’orchestre pour ouvrir un étonnant dialogue. Le lien se tisse entre les notes de musique et les situations. Ils sont drôles. Ils sont absurdes. Ils nous surprennent. C’est bizarre, farfelu. La pensée s’évade dans des contrées hasardeuses qui battent en brèche tous les points de repère.  Le rire nous libère de nos inhibitions. Il faut dire que les personnages sont étranges, impossibles. Ils arrivent avec habileté et malice à maîtriser des situations improbables. Ils sont instrumentaux quand la musique, les cris et les chants se rejoignent dans un oratorio insolite.
La mise en scène a quelque chose d’un peu surréaliste. Les acteurs/musiciens déambulent. Chacun leur tour, ils font leur numéro, prenant possession de la scène, puis l’abandonnant. De temps en temps certains vont s’asseoir.  Ils observent, hésitent, incertains, avant de regagner l’orchestre et de jouer sur des rythmes endiablés comme s’ils avaient trouvé là, un lieu plus apte à libérer leur énergie vitale.  
Voilà, c’est gai. C’est impossible. Ca arrive quand même. On voudrait que ça dure pour nous aider à nous libérer du carcan de notre logique. Que d’espoir !
"COUPS DE FOUDRE", de Michel Deutsch et Frantz Fanon Editer Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Écrit par Claude KRAIF   
30-07-2011
"COUPS DE FOUDRE", de Michel Deutsch et Frantz FanonBourse du Travail : Du 8 au 30 juillet 2011
Chef de Troupe : Jean Louis Hourdin
Avec : Jean-Louis Hourdin, Sarah Taradach, Anthony Moreau, Frédéric Plazy, Karine Quintana, Cédric Djédjé, Sylvain Hartwick, Priscille Cuche
Le texte de Michel Deutsch est un pamphlet qui met en cause avec ferveur l’impérialisme et le colonialisme. Un théâtre engagé, enragé, qui ne se résout pas à accepter les régressions sociales et la haute main du monde financier obéissant aux lois du marché. Le texte de Frantz Fanon, poète africain intervient à son tour. Il ne veut pas se servir de la couleur de sa peau et de la dette de l’occident vis-à-vis de l’exploitation coloniale et de l’esclavage, pour revendiquer son égalité avec le blanc. Il se veut aujourd’hui aussi blanc que les blancs et sa couleur ne change rien à sa qualité d’homme.
Ces deux textes sont rassemblés. Les acteurs s’adressent au public. Jean-Louis Hourdin prend la parole. Les autres comédiens la reprennent à la manière d’un  chœur antique. D’abord un murmure scandé qui peu à peu se fait plus fort pour devenir chant. La musique de l’accordéon et de la guitare accompagne. Le rythme porte les mots qui s’enflamment, l’oratorio de l’idéal d’un peuple quand il chante la république.
Les spectateurs sont disposés tout autour de la scène. Les voix circulent, derrière, devant, partout. Les acteurs vont et viennent. Ils nous entraînent. Ils partagent. Ce ne sont pas les lendemains qui chantent. C’est aujourd’hui ,  au théâtre !

vendredi 29 juillet 2011

"DISCOURS DE LA SERVITUDE VOLONTAIRE", d'Etienne de La Boëtie Editer Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Écrit par Claude KRAIF   
29-07-2011
"DISCOURS DE LA SERVITUDE VOLONTAIRE", d'Etienne de La BoëtieThéâtre des halles : Du 7 au 29 juillet 2011
Adaptation et mise en scène : Stéphane Verrue
Avec : François Clavier
Cette parole de La Boëtie résonne comme un écho. Le rappel d’une vérité d’hier, d’ aujourd’hui et j’en ai peur, de demain. Entre la liberté et l’aliénation, l’homme choisit l’aliénation et l’obéissance au tyran. Pourtant sa nature « humaine » devrait lui faire préférer la liberté. Cette liberté qui est justement l’élément fondateur et indispensable de son humanité. Quel est donc ce mystère d’un choix à ce point contre nature, de choisir la honte, plutôt que la fierté.  La démonstration est limpide, détaillée, lumineuse, ne laissant rien qui ne soit exploré avec  la plus grande rigueur. De la pensée à l’état pur qui brille comme le diamant tombé du front de Lucifer.
L’interprétation du comédien est à la hauteur du discours. Il vit le texte avec la colère et la pénétration de celui qui découvre l’impensable. Son indignation contient tous les malheurs de l’histoire, de l’incendie de Rome à la Shoa, comment cela est-il possible ? Des livres sont dispersés sur le sol. Il cite, là et là, il cherche les défenseurs de la liberté. Il y en a, oui, mais pas assez. La haute taille du comédien suggère la condition de l’homme libre, et ,s’il s’agenouille pour ramasser les livres, c’est pour mieux se redresser.
Ce spectacle est un bijou d’intelligence et de pédagogie. François Clavier utilise avec bonheur la scène du théâtre comme un porte-voix. Celui  de porter la parole qui veut la liberté, l’égalité et la fraternité.

jeudi 28 juillet 2011

"PROUDHON MODELE… COURBET" Editer Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Écrit par Claude KRAIF   
19-07-2011
"PROUDHON MODELE… COURBET"Espace Roseau
Avignon Off du 8 au 31 juillet 2011
Création Compagnie Bacchus
Texte et mise en scène : Jean Pétrement
Avec : Alain Leclerc, Jean Pétrement, Adeline Moncaut, Lucien Huvier
Le deux personnages ont en commun leur amitié, tous les deux sont révolutionnaires. Courbet par sa peinture et la figuration de sujets interdits par le classicisme. Proudhon par son intellectualisme austère et son anarchisme rigoureux. Il s'oppose à Courbet, critiquant son appétit pour les femmes et la bonne chère. Ils cherchent tous deux à se définir, à préparer leurs actions futures. Le vrai modèle de Courbet, c'est la femme qui pose et qui proteste. Elle va s'interposer avec son ironie et son intelligence de femme libre. Un quatrième  personnage va intervenir avec son bon sens de paysan franc-comtois qui va emporter les suffrages du public avec sa truculence.
L'ambiance rabelaisienne sert aussi bien aux échanges d'idées qui vont marquer un tournant dans l'histoire de l'art. Au-delà de la bonhomie et de l'enthousiasme on devine la souffrance de ne pas être reconnu par ses pairs et la solitude qui en découle. Les  comédiens s’en donnent à cœur joie sur fond de  la célèbre toile "l’Atelier" pour célébrer l'amitié, l'amour et la joie de vivre. La mise en scène montre bien la dualité qui oppose Courbet à Proudhon dans la même complémentarité que les personnages de  "l'atelier", riches d'un côté, le peuple de l'autre (les intellectuels étant du côté des riches même s'ils prennent faits et causes pour le peuple) et Courbet au centre, peignant.
 
"J’ETAIS DANS MA MAISON ET J’ATTENDAIS QUE LA PLUIE VIENNE" Editer Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Écrit par Claude KRAIF   
19-07-2011
"J’ETAIS DANS MA MAISON ET J’ATTENDAIS QUE LA PLUIE VIENNE"Théâtre Notre Dame : Du 7 au 31 juillet 2011
Mise en scène : Mathilde Boulesteix
Avec : Laure Nicolas, Julie Salles, Mathilde Boulesteix, Isaure Lapierre, Messodie Samama
D’abord la pièce de Jean-Luc Lagarce, des mots , qui dévalent comme des cailloux au flanc d’un volcan, rythmés, répétitifs, obsessionnels. Des voix  suspendues, qui se répondent en écho dans une parole unique divisée à l’infini. Ensuite deux thèmes récurrents , celui de l’attente dans l’espérance d’un futur fantasmé qui s’éloigne au fur et à mesure que le temps passe, et celui de l’arrangement, de l’agencement du quotidien dans la simple exécution des tâches domestiques.
Les cinq comédiennes sont unies comme les cinq doigts de la main, inséparables dans l’élan d’une vie interrompue brutalement par le départ du jeune frère. Elles sont cinq, la mère,  la grand-mère, et les trois filles, tellement semblables que même l’âge ne les différencie pas. Comme si le retour du jeune frère était la seule condition à leur émancipation individuelle. L’effet est saisissant de les voir, assises,   immobiles, tendues l’une vers l’autre dans l’écoute, et chacune à leur tour se levant pour dire ou hurler leur impuissance à trouver l’exutoire à leur désir, trop longtemps refoulé .
La mise en scène utilise les deux faces du huis-clos. L’atmosphère paisible d’une  maison à la campagne et la violence contenue qui explose sur la scène. Les comédiennes savent passer du détachement feint et de la douceur à la colère brutale exprimant la passion. Le feu couve en permanence dans le cœur de ces jeunes personnes. Un feu qui peut  faire peur mais qui rassure aussi parce qu’il est la vie.
 

mercredi 27 juillet 2011

"4.48 PSYCHOSE", de Sarah Kane Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Écrit par Jacqueline TISSOT-KRAIF   
27-07-2011
"4.48  PSYCHOSE", de Sarah KaneThéâtre « Caserne des Pompiers » du 7 au 26 juillet  2011
Mise en scène :  Benjamin Duval
Vidéo : Yragaël Gervais
Interprète : Lucie Boscher
Psychose ! Il s’agit du texte de Sarah Kahn publié à titre posthume.
La salle est plongée dans le noir. Le public  est attentif, presque sur le qui-vive. Sur un grand écran des images apparaissent , couleur fleur de pêcher, filmées à fleur  de  peau. Ce sont  des élément du corps parlant, marchant, corps disloqué, corporéité devenue partie externe.
Proche du sol, la comédienne est faiblement éclairée.  Elle dit l’épreuve intérieure, la contrainte imposée par l’enveloppe corporelle,  le dé-rangement de l’être,  avec  ces mots : « dépression » « suicide » « dysphorie » « médicament » ; et d’autres mots lancés sous forme de comptine. Le texte de Sarah Kane est interprété par Lucie Boscher d’une façon qui permet de se distancier. C’est une voix claire et profondément humaine.
Ce spectacle sait nous interroger sur les formes d’aliénation auxquelles nous pouvons être confrontés en agrandissant le champ de notre conscience.
 
"RHINOCEROS", d'Eugène Ionesco Editer Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Écrit par Claude KRAIF   
27-07-2011
ImageThéâtre de Halles
Avignon off du 8 au 29 juillet 2011
Création Séoul - Spectacle coréen sur titré en français
Mise en scène, scénographie : Alain Timar
Avec : Ky Ha Choi, Chun sung ji, Ha Jun Kim, Ji hyun Lee, So Young Lim,
Du Young Ma, Joon Park, Sun Hee Park, Hye Ran Yeom
Le rhinocéros, animal lourd caparaçonné, dont l’inertie est telle que lancé il est impossible de l’arrêter, sera-t-il l’ultime évolution de l’être humain qui refusera la place à toute individualité ? Voilà la métaphore qui nous est proposée. Nul besoin de corne pour nous reconnaître dans les glaces disposées sur la scène et qui reflètent le public en même temps que les comédiens rassemblés dans leur ressemblance et leur penchant à l’obéissance mimétique. Ils peuvent aussi bien être fascistes, communistes, consuméristes, tout dépend de l’époque. Quand  je dis  Ils, c’est Nous ! qui entonnons le même hymne, et qui applaudissons avec la même ardeur, oubliant tout discernement au profit de la régression béate et fusionnelle d’appartenir à un tout.
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"GAI SAVOIR DE L’ACTEUR - LE THEATRE EN SIX LECONS (LE)", d’après Dario Fo Editer Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Écrit par Claude KRAIF   
27-07-2011
"GAI SAVOIR DE L’ACTEUR - LE THEATRE EN SIX LECONS (LE)", d’après Dario Fo
L’ADRESSE : Du 8 au 31 juillet 2011
Mise en scène : Katharina Stalder
Avec : Pierre Barayre
Ce spectacle, c’est un peu comme si un magicien vous dévoilait le secret de ses tours de magie. En l’occurrence c’est du théâtre qu’il s’agit et Pierre Barayre est un magnifique magicien/pédagogue. Il est  drôle, inattendu, attaché à la réussite de chacune des promotions de spectateurs/acteurs. Il demande au public une attention soutenue. La démonstration est comique. L’illustration est riche de découvertes. La vision s’élargit. Le théâtre que nous aimons grandit encore dans notre estime quand nous découvrons la richesse de ses traditions et de ses moyens d’expression.
Six leçons qui nous sont données. L’acteur joue, roi ou bouffon, il mime. Il est l’interprète au sens premier. Il traduit le corps et l’esprit. Le théâtre est un jeu. Une loterie du monde où le comédien doit pouvoir être le gagnant, le perdant, le bon, le méchant, le jeune ou le vieux. Pour jouer à ce jeu il faut en connaître les règles. Là sur la scène, avec tout le talent des bons professeurs, Dario Fo et Pierre Barayre nous les apprend.
 
"D’ARTAGNAN HORS LA LOI", de Grégory Bron Editer Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
Écrit par Claude KRAIF   
27-07-2011
"D’ARTAGNAN HORS LA LOI", de Grégory BronESPACE ALYA DU 8 au 31 juillet (Jours pairs, relâche le 30 juillet)
Mise en scène : collective
Avec : Serge Balu, Grégory Bron, Benjamin Dubayle, Vincent Dubos, Jean-Baptiste Guintrand, Philippe Yvancic, Virginie Rodriguez, Charlotte Rondelez
Imaginez d’Artagnan qui s’affronte aux CRS. Il s’exprime en alexandrins et manie la langue française avec la même virtuosité que l’épée. C’est l’histoire des trois mousquetaires qui se déroule sur la scène. Les personnages jonglent d’une époque à l’autre. Ils sont doués d’ubiquité, se dédoublent , se multiplient. Les combats de capes et d’épées sont si réalistes, si bien réglés qu’ils nous rappellent les films de notre enfance de Scaramouche au Capitaine Fracasse. Leur nombre est celui de l’épopée et quatre mousquetaires suffiront bien à régler leur compte à tout ceux qui défendent les intérêts crapuleux des oppresseurs et des conspirateurs, quelle que soit l’époque et quel que soit le lieu.
Nous assistons à un spectacle efficace et plein d’humour. Il y a le souffle de Molière ou de Racine. Les comédiens , escrimeurs, danseurs, nous entraînent  avec élégance dans une farandole acrobatique. Ils se mêlent au public, s’interpellent, font des commentaires. Ils nous invitent à retrouver  ce qui est un de nos biens les plus précieux, le panache.