mardi 17 juillet 2012



 Critiques Claude Kraif le mardi 10 juillet
"AU BORD DE LA ROUTE", de Patrice Bigel
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Écrit par Claude KRAIF   
08-07-2012
"AU BORD DE LA ROUTE", de Patrice BigelFabrik Théâtre : Avignon du 7 au 28 juillet 2012
CIE LA RUMEUR
Conception, mise en scène, chorégraphie de Patrice Bigel
Conception sonore : Julie Martin
Textes : Alison Cosson
Avec : Samih Arib, Mara Bijeljac, Adrien Casalis, Sophie Chauvet, Anthony Duarte, Yasminn Magid, Anna Perrin, Pierre Possien, Erwin Sailly
Ils se lancent à corps perdus, surgissant des starting-blocks comme des diables de leurs boites. Puis ils s’affaissent comme des pantins, en panne sur les bords, sur tous les bords, qu’ils soient de la route, de la mer, ou du ciel. Ils se croisent sans se toucher ou presque. Ils font face comme des combattants dans la solitude, dans le couple, dans la foule, peu importe. La lutte est primordiale plutôt que finale. Ils attendent ce qui doit nécessairement advenir, mais quoi ?
Il y a toute la force de la jeunesse, le mouvement, la vitesse. Il ya  les images vidéos sur des écrans immenses avec des visages, des regards, des paroles qui racontent. Il y a la musique, la danse, le geste. Oui, il y a bien quelque chose plutôt que rien, mais quoi ?
Le théâtre, la danse, la musique sont à l’œuvre. Les comédiens/danseurs prennent l’espace à témoin. Ils sont la réalité. L’artiste peut dire la vérité du monde. Chaque nouvelle création de Patrice Bigel est une  avancée, une poussée du réel qui s’aventure. Oui, il  nous emmène bien quelque part, mais où ?




"WURRE WURRE", de Tom Roos et Philippe De Maertelaere
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Écrit par Claude KRAIF   
08-07-2012
"WURRE  WURRE", de Tom Roos et Philippe De MaertelaereLA LUNA : Avignon du 7 au 29 juillet 2012
Spectacle écrit, mis en scène et interprété par les Wurre Wurre
Tom Roos et Philippe De Maertelaere
Oui on rit ? Ce sont des clowns. C’est normal. C’est absurde donc on rit. C’est fou, on rit encore, mais il y a quelque chose en plus de rire, une sorte de fraîcheur un peu enfantine. Un moment d e grâce qui met tout le monde sur le même diapason. En fait, bien rire ça pourrait suffire mais ce qu’il y a en plus, le moment de grâce, on le porte en soi un bon moment.




"HIMMELWEG", de Juan Mayorga
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Écrit par Claude KRAIF   
08-07-2012
"HIMMELWEG", de Juan MayorgaCaserne des Pompiers  du 7 au 26 juillet 2012 (relâche les 13 & 20 juillet)

Mise en scène : Catherine Toussaint
Avec : Loïc Babant, Stéphanie Brice, François Cancelli, Théo Cancelli, Jean-Luc Debattice,
Gingolph Gateau, Catherine Toussaint
Et la participation, en alternance, des enfants d’ateliers amateurs d’Avignon
Jamais l’expression :  « mise en abyme » n’a pu trouver meilleure illustration. Abîme de cruauté et d’abomination, abîme de mensonge et de cynisme, abîme d’intelligence au service du mal. Il s’agit d’une histoire vraie, un fait historique relatant la mise en scène organisée dans un camp de concentration concernant les conditions d’internement des juifs.  Ainsi, des mises en scène grandeur nature ont donc été possibles au point de nous faire douter de notre faculté de discerner la réalité de la pure fiction. Nous assistons effarés à la mise en place d’une incroyable installation à l’échelle d’une ville, destinée à tromper le visiteur de la Croix Rouge internationale.  Le plus troublant c’est de voir les moyens de pression psychologique utilisés pour obtenir l’obéissance des juifs devenus comédiens improvisés. Même les enfants se prêtent à ce jeu diabolique. Au-delà des faits cette pièce pose des questions qui donnent le vertige. Qui ne s’est pas prêté, même enfant, a des complicités qui masquaient la réalité par des fictions plus ou moins avantageuses pour soi ou pour autrui. Jusqu’où la fin peut justifier les moyens et nous faire douter de tout ?
Après la présentation du rapport du visiteur de la Croix Rouge nous assistons aux répétitions. Spectacle surréaliste où les scènes vont se succéder. Mise en scène doublement réussie, qui démontre implacablement tout le mécanisme mystificateur. Les comédiens mènent le bal avec beaucoup de réalisme au point de nous donner l’illusion que nous sommes des vrais témoins. Paradoxe du comédien, paradoxe du spectateur, mais ici nous savons que nous sommes au théâtre.




"LUNE SOUFFLE (LA)", DE SUEN LI TSUEI
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Écrit par Claude KRAIF   
09-07-2012
"LUNE SOUFFLE (LA)",  de Suen Li TsueiSalle Roquille : Du 7 au 28 juillet 2012
Avec : Tsun Li Tsuei, Chen Shao
Une forme blanche sort doucement du noir profond. Fantomatique, elle se lève doucement comme un brouillard. La sensation d’un rêve, un mirage, non c’est une réalité qui s’élève sous la lune montante. Souffle sans doute quant il s’agit des arts martiaux traditionnels tel  le Kung-fu (travail  avec le temps) mais plus encore, création des premières formes, harmonie des contraires, respiration entre terre et ciel, rencontre amoureuse du haut et du bas, du blanc et du noir.  
La danseuse Sun Li Tsuei  marie la gestuelle orientale et l’expression théâtrale apprise auprès de Jacques Lecoq ou de Marcel Marceau. La Calligraphie, la musique, le costume sont autant d’éléments qui servent le spectacle. Les gestes émergent avec  une extrême lenteur, aussi  lent que la lune quand elle sort  des nuages pour éclairer la nuit, aussi précis que le langage dans son alphabet primordial, aussi surprenant que la découverte d’un nouveau mystère. Le spectateur est emporté, entre veille et sommeil, dans le vent lumineux respiré par la terre, rythmé simplement par le gong, le tambour chinois, et le souffle lunaire.





"D’ARTAGNAN HORS LA LOI", DE GRÉGORY BRON
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Écrit par Claude KRAIF   
09-07-2012
"D’ARTAGNAN HORS LA LOI", de Grégory BronESPACE ALYA  Avignon du 7 au 27 juillet (jours impairs)

Mise en scène : collective

Avec : Serge Balu, Grégory Bron, Benjamin Dubayle, Vincent Dubos, Jean-Baptiste Guintrand, Philippe Yvancic, Virginie Rodriguez
Imaginez d’Artagnan qui s’affronte aux CRS. Il s’exprime en alexandrins et manie la langue française avec la même virtuosité que l’épée. C’est l’histoire des trois mousquetaires qui se déroule sur la scène. Les personnages jonglent d’une époque à l’autre. Ils sont doués d’ubiquité, se dédoublent , se multiplient. Les combats de capes et d’épées sont si réalistes, si bien réglés qu’ils nous rappellent les films de notre enfance de Scaramouche au Capitaine Fracasse. Leur nombre est celui de l’épopée et quatre mousquetaires suffiront bien à régler leur compte à tout ceux qui défendent les intérêts crapuleux des oppresseurs et des conspirateurs, quelle que soit l’époque et quel que soit le lieu.
Nous assistons à un spectacle efficace et plein d’humour. Il y a le souffle de Molière ou de Racine. Les comédiens , escrimeurs, danseurs, nous entraînent  avec élégance dans une farandole acrobatique. Ils se mêlent au public, s’interpellent, font des commentaires. Ils nous invitent à retrouver  ce qui est un de nos biens les plus précieux, le panache.





"INCONNU A CETTE ADRESSE", D’APRÈS L’ŒUVRE DE KRESSMANN TAYLOR



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Écrit par Claude KRAIF   
09-07-2012
"INCONNU A CETTE ADRESSE", d’après l’œuvre de Kressmann TaylorEspace Roseau : Avignon du 7 au 28 juillet 2012

Mise en scène Maud Ferrer et Pierre Sallustrau

Avec : Alain Tardif, Pierre Sallustrau 
Ils sont deux amis qui s’écrivent. L’un devient cadre du parti hitlérien. Il est en Allemagne. L’autre est établi aux Etats Unis et fait commerce de tableaux. Il est  juif.  Les deux comédiens sont sur la scène et leur proximité abolit la distance. Ils se parlent. Ce n’est pas l’océan qui les sépare mais le fossé qui se creuse et qui va transformer leur amitié en haine violente. La force de ce texte tient dans la présentation de deux logiques. De deux mondes qui ne peuvent plus cohabiter. L’émotion et le malaise s’installent aussi bien chez les deux protagonistes que chez les spectateurs. L’inimaginable peut donc exister, se justifier, se résoudre en actes aussi réelles que la nuit et le jour.
Alain Tardif et Pierre Sallustrau sont admirables. La vitalité qui les anime est faite de souffrance et du désir de vivre.  Ils sont les représentants de l’humanité, à la fois unique et interchangeable  pour peu que la situation se retourne et que la victime devienne bourreau à son tour. Ils sont l’un et l’autre qui peuvent échanger  jusqu’au jour ou l’un ou l’autre disparaît rendant l’échange impossible. Ils sont le questionnement qui ne doit jamais cesser de nous habiter.



"NUAGE EN PANTALON (LE)", de Vladimir Maïakovski
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Écrit par Claude KRAIF   
17-07-2012
"NUAGE EN PANTALON (LE)", de Vladimir MaïakovskiEspace Roseau : Avignon du 7 au 28 juillet 2012
Mise en scène : Lorène Ehrmann
Avec : Pierre Bluteau, Philippe Cariou, Lorène Ehrmann, Héloïse Levain, Olivier Ombredane
Tout est force et poésie dans ce spectacle. Les mots sont ceux de la révolte, une adresse aux hommes, au ciel, à la femme. Le poète veut tout mettre à bas, aussi bien  l’amour, que l’art, ou la religion. La musique, la danse, le chant, accompagnent le récit avec tout le charme de la langue russe et toute la sensualité du tango.
La mise en scène est une  chorégraphie rythmée par l’apparition des personnages féminins. Les  comédiennes, vont et viennent au fil du poème et participent à l’imaginaire du poète. Elles sont fantasmées autant que bien réelles, annonciatrices du nouveau monde qui  ne va pas manquer d’advenir. Le texte de Maïakovski est Lyrique, fort, et  l’interprétation de Philippe Cariou lui donne toute sa puissance d’évocation.
Tous ces éléments forment un ensemble où chacun des arts trouve sa juste place. Un ensemble où La poésie sert le théâtre et où le théâtre sert la poésie.




"LOUISE MICHEL écrits et cris" par Marie Ruggeri et Christian Belhomme



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Écrit par Claude KRAIF   
14-07-2012
"LOUISE MICHEL écrits et cris" par Marie Ruggeri et Christian BelhommeThéâtre Essaïon ; Avignon
du 7 au 28 juillet 2012-07-14
Avec : Marie Ruggeri  et Christian Belhomme
Marie Ruggeri interprète Louise Michel avec une rare intensité. Sa voix, son chant, son cri, résonnent depuis les barricades de la commune de Paris. Elle écrit sa révolte, sa souffrance, son espoir. Les lettres de Louise Michel témoignent de son combat pour la liberté et pour l’égalité, lutter contre l’exploitation de l’homme par l’homme mais aussi contre l’exploitation de la femme  par l’homme. Elle témoigne aussi de la souffrance,   de la solitude, du refus de se résigner,  ce qui lui valut de passer treize années de sa vie en prison
La musique accompagne la parole. Le musicien nous raconte l’histoire. Le dialogue reste ouvert.  Par ses applaudissements le public répond. La foule répond. Ils étaient des milliers pour assister à l’enterrement de Louise Michel. Le cri traverse les âges, un cri de rage, de révolte, mais surtout, un cri du cœur.



"MADE IN CHINA", DE THIERRY DEBROUX
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Écrit par Claude KRAIF   
14-07-2012
"MADE IN CHINA",  de Thierry DebrouxPrésence Pasteur : Avignon
du 7 au 28 juillet 2012 (Relâches les 11 et 23)
Mise en scène : Didier Kerckaert
Avec : Sophie Bourdon, Nicolas Dufour, Gérald Izing, Marion Laboulais, Philippe Polet
Terrifiant ! Voilà le mot qui me vient à l’esprit. Le sujet est d’une brûlante actualité. Les délocalisations des entreprises, le suicide de cadres, la perte d’emploi et autres misères de notre monde moderne.
Le sujet c’est la compétition et la rivalité. Qui va être choisi pour partir en Chine ? Ils sont trois pour une seule place. Le DRH est là pour faire la sélection, dés lors, il se met en place un mécanisme implacable. Je n’en dis pas plus !
La mise en scène est à la mesure du sujet, hyper efficace, on retient sa respiration ou on manque d’air. La pression imposée aux personnages est communicative. On ne veut surtout pas manquer une parole. Ca va très vite. Les répliques fusent. Des échanges de balles qui pourraient être aussi bien des balles de tennis que des balles de mitraillettes.
Cette pièce est drôle mais on rit drôlement. L’humour sert de cache misère. C’est en fait la cruauté, la froideur  calculatrice, tout le chapelet des bassesses humaines qui sont énumérées comme si l’on voulait en faire un catalogue.
Ce spectacle pourrait passer pour une caricature, la volonté de l’auteur étant de grossir le trait pour étayer sa démonstration mais en fait ce n’est pas le cas. La réalité peut être pire... Terrifiant… !


"DRACULA MON HISTOIRE", d'Alain Commillie et Gaëtan Schmid Editer
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Écrit par Claude KRAIF   
13-07-2012
"DRACULA MON HISTOIRE", d'Alain Commillie et Gaëtan SchmidLa Luna : Avignon du 7 au 29 juillet 2012

Mise en scène : Nathalie Juvel
Avec  :  Adriano Sinivia et Bernard Gabay
Ils sont deux à se disputer l’histoire du comte Dracula dont ils sont les disciples. Ils sont drôles, fantasques. Ils nous racontent avec le plus grand comique l’impossible aventure de Dracula au vingt et unième siècle. Le talent de mime des comédiens va nous entraîner dans un voyage fantastique  qui va de la Transylvanie à l’Angleterre. La rivalité des deux comparses fait penser à des couples de comiques célèbres comme Laurel et Hardy. L’histoire de Dracula mêle l’épouvante et la séduction. Nos deux compères vont nous donner un moyen plus efficace que la gousse d’ail ou l’eau bénite, pour échapper  à la terrible morsure du vampire. Ce moyen, c’est le rire. 


"SOLDAT FANFARON (LE)" - Une comédie de Plaute
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Écrit par Claude KRAIF   
13-07-2012
"SOLDAT FANFARON (LE)" - Une comédie de PlauteCour du Barouf : Avignon du 7 au 20 juillet 2012

Mise en scène : Marc-Alexandre Cousquer

Marc- Alexandre Cousquer, Jean-Serge Dunet,  Cédric Ingard, Wilhelm Queyras, Nadia Reeb,  Marc Schweyer,  et Estelle Sebek
Création musicale : Benoît Moerlen
Vincent Vergnais, marimba et percussions -  Isabelle Scrive, flûte
Tous les ingrédients de la commedia dell’arte sont présents, les masques, la truculence des personnages, les costumes hauts en couleur, le propos volontairement caricatural, mais il y a quelque chose de particulier dans ce spectacle : la gestuelle, une gestuelle retrouvant les modes très codifiés  du théâtre au temps de Molière, à la fois mime et danse. De là nait l’enchantement, une impression de légèreté, due sans doute à la virtuosité des comédiens, mais plus encore à l’aisance et à l’élan de cette gestuelle bien particulière. La musique et les percussions portent l’action à la manière du théâtre japonais et contribuent à la circulation d’une énergie toute communicative.



"BONHEUR TITRE PROVISOIRE", Création de Alain Timar
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Écrit par Claude KRAIF   
07-07-2012
ImageThéâtre Des Halles  :  Avignon du 7 au 27 juillet 2012 (relâche le 17 juillet)
 
Pièce de Alain Timar, Pauline Méreuze et Paul Camus, inspirée de l’œuvre de Robert Misrahi

Mise en scène :  Alain Timar

Avec : Pauline Méreuze, Paul Camus, Alain Timar
Ils sont là à s’interroger, à nous interroger. Ils le font avec candeur, naïveté. Ils veulent savoir ce qu’est le bonheur. D’abord ne pas être malheureux, ou alors, accepter la succession du malheur et du bonheur, l’un et l’autre tout aussi provisoires. Mais alors, c’est quoi, « le Bonheur » cette recherche éperdue, cette utopie. Le propos aurait pu s’enliser dans des considérations philosophiques aussi pertinentes qu’elle soient, mais ce serait sans tenir compte de la fougue des comédiens et de la force de leur questionnement. Ils ne peuvent pas se contenter de réponses oiseuses ou lénifiantes. Ils veulent savoir. C’est une question de vie et de mort. La demande est vitale, les acteurs ne sont plus des acteurs. Ce sont des gens, vous, moi, qui s’indignent, qui se révoltent. C’est que le bonheur, c’est la condition même de la survie.
Alain Timar est le metteur en scène. Il intervient avec ses pinceaux et ses gros pots de peintures. Il met en scène doublement en traçant le décor, avec du noir, du blanc, des couleurs. Comme un démiurge il dresse le tableau vivant du monde. Il intervient. Il corrige. Il efface, une sorte d’ange protecteur contre le désespoir. la toile de fond représente le monde, sur la scène une table sur laquelle va être dressé le couvert. Nous sommes tous invités à venir partager le lapin !



"J’ETAIS DANS MA MAISON ET J’ATTENDAIS QUE LA PLUIE VIENNE", de Jean-Luc Lagarce
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Écrit par Claude KRAIF   
07-07-2012
"J’ETAIS DANS MA MAISON ET J’ATTENDAIS QUE LA PLUIE VIENNE", de Jean-Luc LagarcePetit Louvre (Van Gogh) : Avignon du 7 au 28 juillet 2012

Compagnie : L’instant Précis

Mise en scène : Mathilde Boulesteix

Avec : Mathilde Boulesteix, Mylène Crouzilles, Isaure Lapierre, Laure Nicolas, Julie Salles 
D’abord la pièce de Jean-Luc Lagarce, des mots , qui dévalent comme des cailloux au flanc d’un volcan, rythmés, répétitifs, obsessionnels. Des voix  suspendues, qui se répondent en écho dans une parole unique divisée à l’infini. Ensuite deux thèmes récurrents , celui de l’attente dans l’espérance d’un futur fantasmé qui s’éloigne au fur et à mesure que le temps passe, et celui de l’arrangement, de l’agencement du quotidien dans la simple exécution des tâches domestiques.
Les cinq comédiennes sont unies comme les cinq doigts de la main, inséparables dans l’élan d’une vie interrompue brutalement par le départ du jeune frère. Elles sont cinq, la mère,  la grand-mère, et les trois filles, tellement semblables que même l’âge ne les différencie pas. Comme si le retour du jeune frère était la seule condition à leur émancipation individuelle. L’effet est saisissant de les voir, assises,   immobiles, tendues l’une vers l’autre dans l’écoute, et chacune à leur tour se levant pour dire ou hurler leur impuissance à trouver l’exutoire à leur désir, trop longtemps refoulé .
La mise en scène utilise les deux faces du huis-clos. L’atmosphère paisible d’une  maison à la campagne et la violence contenue qui explose sur la scène. Les comédiennes savent passer du détachement feint et de la douceur à la colère brutale exprimant la passion. Le feu couve en permanence dans le cœur de ces jeunes personnes. Un feu qui peut  faire peur mais qui rassure aussi parce qu’il est la vie.


"J’AI SOIF", de Primo Levi / Joseph Haydn
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Écrit par Claude KRAIF   
07-07-2012
"J’AI SOIF", de Primo Levi / Joseph HaydnFestival d’Avignon 2012

Théâtre du Balcon du 7 au 28 juillet 2012

Conçu et interprété par Serge Barbuscia

Piano (en alternance) : Roland Conil, Suzanna Tiertant
La scène c’est un labyrinthe de lumière, un tourbillon sans fin, l’arène diabolique d’une extermination dont l’humanité ne se relèvera peut être pas. Autour il y a un homme qui marche pieds nus. Il ne peut pas s’arrêter. Il avance vers la mort avec sa douleur et sa fatigue. Il ne peut même plus penser. Le texte de Primo Lévi  « Est-il un homme » dialogue avec « Les sept paroles du Christ en croix» de Joseph  Haydn. La musique et le piano sont comme l’ultime îlot de résistance et de paix face à cet océan de haine et de violence. Des paroles s’inscrivent sur les murs ou sur le ciel. Les raies lumineuses sont comme un manège en panne et l’homme arpente sa misère comme s’il voulait empêcher le temps de s’arrêter à jamais.  Serge Barbuscia est impressionnant dans sa façon d’avancer. Il s’oppose. Sa solitude ne se résigne pas à la solitude. Il avance vers un autre au-delà des barbelés, au-delà de l’histoire. Chaque tour de scène augmente l’émotion comme autant de stations vers la plus grande des soifs, celle de l’avenir de l’homme.


"SAINTE DANS L’INCENDIE", de Laurent Fréchuret
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Écrit par Claude KRAIF   
10-07-2012
"SAINTE DANS L’INCENDIE", de Laurent Fréchuret
Théâtre des Halles : Avignon du 7 au 28 juillet 2012 ( relâche le 17 )

Mise en scène : Laurent Fréchuret

Avec : Laurence Vielle
Jeanne c’est une flamme,  vacillante sous le moindre souffle d’air mais qui ne s’éteint pas, depuis les six cents ans qui nous sépare se sa naissance, à Domrémy, dans l’est de la France.
Laurence Vielle, c’est une voix, une manière de dire, au-delà de la fragilité du corps, toute la force de la parole qui doit traverser les siècles.  Ses gestes sont autant d’écrins pour contenir, pour consacrer, pour obéir à la mission mystérieuse dont elle est la dépositaire. C’est qu’il faudra vaincre, à jamais, la peur, la misère, l’injustice. 
Au-delà de la légende il y a la poésie, l’étonnement juvénile. Les mots naissent spontanément, d’abord désordonnés, ils se rangent à la volonté du poète.  Le texte de Laurent Fréchuret donne à l’épopée une proximité familière. Ce sont des mots d’aujourd’hui qui sont comme des réminiscences d’une époque incandescente. Sainte dans l’incendie, le feu couve encore.

"A NU", d’après le film de Sidney Lumet écrit par Tom Fontana
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Écrit par Claude KRAIF   
11-07-2012
"A NU", d’après le film de Sidney Lumet écrit par Tom FontanaThéâtre Le Petit Chien du 7 au 28 juillet 2012                              
Adaptation et mise en scène : Marc Saez

Avec : Véronique Picciotto, Helmi Dridi, Marie Lenoir, Anatole Thibault
Les deux protagonistes vivent le même scénario effrayant. Ils se retrouvent l’un et l’autre coupés du monde, accusés d’être des terroristes. Ils vont voir peu à peu des pseudos preuves et des vagues soupçons justifier un traitement dégradant et humiliant. Ils vont être coupés de tout, famille, amis, avocats, laissés à la merci de policiers zélés qui n’ont de cesse que de leur faire passer  des aveux sur des faits dont ils ignorent tout.
Système de précaution, soit disant, pour prévenir de possibles attentats. La mise à nu est au propre comme au figuré. Tout de la vie des éventuels suspects est inspectée dans les moindres recoins de leur intimité et s’ils se retrouvent privés de leurs vêtements, ils se retrouvent aussi privés de tout ce qui fait  leur dignité d’êtres humains.
La pièce est réaliste au point de se demander si cela est possible aussi pour nous ? Avons-nous le verbe un peu  haut, la critique par trop virulente. Tout pourrait donc être fouillé, passé au crible par tous les systèmes de surveillance et boites mails. Nous pourrions nous retrouver sans défense, nus comme des vers au fond d’un cachot.
Vous n’avez rien fait ? facile à dire ! Prouvez le… !

CHANGER CONSTAMMENT EN LUMIERE ET EN FLAMME Textes de Michel Onfray
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Écrit par Claude KRAIF   
11-07-2012
Théâtre Le Petit Chien Du 7 au 28 juillet 2012

Textes de Michel Onfray
Montage Dominique Paquet

Mise en scène Parick Simon
Avec Thomas Cousseau


L’enfance d’un philosophe ou  comment la philosophie a permis à l’enfant Michel Onfray d’affronter le monde, de se reconstruire et de trouver le remède à la mélancolie. Les textes sont tirés de plusieurs  ouvrages, une manière de rassembler les éléments d’une pensée, comme pour faire le point à un moment donné.
Thomas Cousseau nous parle. Il est volubile. La parole est un flot clair et continu qui témoigne. C’est ce qui caractérise Michel Onfray, cette aisance dans l’expression. Elle lui permet d’aborder une multitude de sujets avec les mots justes, simples, précis. Ce ne  sont pas forcément les mots de spécialiste et d’intellectuel, mais se sont ceux de la vie et du sentiment.
Sur la scène le comédien évolue à l’intérieur d’un cube, une sorte de carré magique, un échafaudage qui sert à matérialiser des formes. La parole voyage, dedans, dehors, dans la lumière des projecteurs.
Bien sûr le chemin philosophique ne va pas s’arrêter à la fin de la pièce, même si le succès donne l’illusion d’une apothéose. Comme le dit Gilles Deleuze, philosopher  :  « C’est savoir inventer de nouveaux concepts » ; Pour chercher la lumière et pour chercher la flamme.
Claude Kraif





"DANS LA NUIT LA PLUS CLAIRE JAMAIS RÊVÉE", DE PHILIPPE JACCOTTET
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Écrit par Claude KRAIF   
19-07-2012
"Dans la nuit la plus claire jamais rêvée", de Philippe JaccottetCaserne de Pompiers : Avignon du 7 au 26 juillet 2012 (relâche les 13 et 20 juillet)

Conception et composition : Patricia Dallio
Mise en scène : Yves Lenoir
Accordéon, Cithare et orgue de verres : Ben Jeger
Clavier et capteurs : Patricia Dallio
Avec : Lionel Parlier
Du silence, émerge une étrange musique comme un vent sidéral. Les instruments sont disposés de chaque côté de la scène Ce spectacle utilise ce que la technologie électro-acoustique a de plus avancé. Les musiciens jouent avec des gestes à peine effleurés. Les sons émergent du silence comme dans un murmure pour ensuite s’amplifier  en grondements puissants. Ils sont comme des météorites  rayant l’espace. Des sons comparables aux voix des étoiles enregistrées par les astronomes.
A son tour la poésie de Philippe Jaccottet émerge du silence. Des échelles de lumière divisent la scène en carrés lumineux. La parole  est calme. Le comédien poursuit sa marche tranquille. La voix est intérieure, paisible, comme une apparition naissante dans l’espace entrebâillé. Elle se renforce par le mouvement et par les sonorités du monde qui lui parviennent.
Les deux musiciens et le comédien forment une totalité. La poésie s’exprime avec intensité célébrant la rencontre de l’immensité et de l’intimité.






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"QUAND LA NUIT TOMBE", DE DANIEL KEENE
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Écrit par Claude KRAIF   
21-07-2012
"QUAND LA NUIT TOMBE", de Daniel KeeneEspace Roseau : Avignon du 7 au 28 juillet 2012

Mise en scène : Antoine Marneur / Bruno de Saint Riquier
Avec : Mouss Zouheyri, Antoine Marneur
Ils sont deux personnes, certains diraient clochards, mais non, ce sont deux personnes représentantes de l’humanité, comme vous et moi. Humain par qualité plus que par défaut. Le décor s’impose comme un mur très haut, sans fenêtre et sans porte. Un mur au pied duquel il est difficile de se relever mais sur lequel on peut s’appuyer, parfois.
Les deux hommes se parlent. Ils disent la maladie, la mort, la solitude. Ils disent aussi la fraternité. Une attention à l’autre qui surprend et qui interroge. Le sentiment d’une entraide et d’un oubli de soi aussi nécessaire pour la survie que l’air pour respirer. Les mots de Daniel Keene racontent sans porter de jugement, sans misérabilisme, avec dignité et sincérité. 
Les deux comédiens ont la voix rocailleuse. Ils sont vêtus de lourds manteaux  rapiécés qui réchauffent leur misère. C’est là, l’ultime richesse, la chaleur du corps et la chaleur humaine. Ils sont doublement interprètes, comme les traducteurs d’une parole que notre indifférence à la misère d’autrui nous empêche de connaître. Ils laissent parler leur habit miséreux et c’est un témoignage touchant et généreux qu’ils donnent avec toute la force de leur talent.
  


EXPLICATION DES OISEAUX d’Antonio Lobo Antunes
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Écrit par Claude KRAIF   
23-07-2012
La Fabrik Théâtre : Avignon du 10 au 28 juillet 2012
Compagnie des ouvriers
Conception : Thierry Alcaraz
Avec : Isabelle Provendier, Sarah Hamour, Thierry Robard, Laurent Brechet, Florian Le Mezo, Thierry Alcaraz
Théâtre Forain et performance, tels sont les ingrédients de ce spectacle singulier. Le texte d’Antonio Lobo Antunes est à la fois lyrique et trivial. Il rassemble des thèmes comme l’enfance, la nostalgie, la séparation, le mépris, ou encore la détestation. Des thèmes qui relèvent de la plus grande banalité mais qui prennent ici une force particulière quand les rapports conjugaux finissent par se résumer dans des échanges  aussi lapidaires que « baise-moi et fout le camp ! ».
Les comédiens jouent Leurs personnages puis regagnent les côtés de la scène. A leur tour spectateurs, ils font des commentaires. Ils racontent. Ils conseillent. Ils invectivent. On dirait qu’ils veulent intervenir, prendre parti, comme s’ils désiraient s’opposer à la fatalité de l'écriture. De curieux personnages interviennent, des apparitions baroques et anachroniques. Ils sont la couleur du monde qui s’oppose au  gris du ciel et au désordre des sentiments. La violence, le dégoût, le sexe, quel abîme s’est  creusé ? Quelle explication pourra nous apprendre à voler ?
La mise en scène très réussie de Thierry Alcaraz contient une dimension fellinienne, associant le burlesque à la tragédie. Les rôles tragiques sont ridiculisés par l’intervention du clown publicitaire et de l’accessoiriste. Les lits se font et se défont. La parole explose et se tait. Les hommes et les femmes vont et viennent traversant la scène comme les oiseaux qui traversent le ciel.





"PARTANCE", DE STEFAN ZWEIG (D’APRÈS LA NOUVELLE : « LE VOYAGE DANS LE PASSÉ »)
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Écrit par Claude KRAIF   
21-07-2012
"PARTANCE", de Stefan Zweig (d’après la nouvelle : « le voyage dans le passé »)Théâtre des Vents : Avignon du 7 au 28 juillet 2012
Mise en scène : Marc Debono
Avec : Sylvie Duchêne, Nicolas Piot
Nous sommes sur un quai de gare. Il n’y a pas de décor. La gestuelle des deux comédiens suffit à situer l’action. La gestuelle, mais aussi la danse, les postures, le mouvement. C’est le temps qui est évoqué là. Le temps passé et le temps présent dans un aller retour très cinématographique. La mise en scène utilise le flash back comme un éternel retour ou un éternel départ. La célébration d’un moment inouï, primordial, et qui doit toujours durer.
Quai de gare oblige, c’est de transport  qu’il s’agit, le transport immobile de deux corps prisonniers du mouvement de balancier  qui, tour à tour, réunit et sépare, un transport provoqué aussi par l’émotion, la violence des sentiments, et la frustration. Un transport fait de tournoiements, d’étreintes,  de lâcher prise, comme des danseurs de tango argentin.
La sensibilité et la délicatesse du jeu des interprètes restituent merveilleusement l’ambiance de la nouvelle de Stefan Zweig. Tout est finesse, élégance, raffinement. Les gestes dansés portent à la fois le trouble de la sensualité et le refoulement imposé par les circonstances. Il reste l’amour. Il reste la beauté. Il reste un très beau moment de théâtre et de littérature.







HERNANI de Victor Hugo 
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Écrit par Claude KRAIF   
25-07-2012
Caserne Des Pompiers : Festival d’Avignon du 7 au 26 juillet 2012

Mise en scène : Christine Berg
Avec : Loïc Brabant, Vanessa Fonte, Jean-Michel Guérin, Marine Molard, Antoine Philippot,
Pierre-Benoist Varocler
Piano : Gabriel Philippot
Cette pièce de Victor Hugo, c’est une révolution. L’invention d’un nouveau théâtre qui bouscule les conventions au point de susciter des batailles. Ce sont des vers libérés des contraintes pour se lancer à la conquête du monde nouveau.
Ce qui caractérise la mise en scène de Christine Berg, c’est le feu d’artifice. Un gai savoir du théâtre quand il peut associer l’esprit et le cœur. Quand le texte, les costumes, les lumières, les décors, concourent à la magie et à l’émerveillement. On pense aux tableaux de Velasquez ou de Goya. Les répliques fusent, tout va vite, le décor magnifique comme un château doré, se transforme au gré des scènes. Doña Sol, si chèrement disputée apparaît comme une icône dans un portique d’or.
Les comédiens donnent parfois l’impression de voler tant ils se déplacent avec agilité. Ils montent, descendent, les âges se confondent en invectives quand la rivalité et la jalousie se confrontent au pouvoir. Ah ! Divine beauté, l’amour, le romantisme, ici revendiqués, sont donc encore assez modernes pour nous toucher au cœur. Les fils disputent les places aux pères, comme cela est encore avec l’augmentation de la longévité. Les voix s’emportent dans la fièvre du jeu. C’est la vitalité qui s’exprime. Le piano accompagne l’action. La musique accentue la dimension intime ou épique. Les acteurs dépensent une énergie considérable. Porteurs de la flamme hugolienne, quand ils s’adressent au peuple que nous sommes ; ils brûlent les planches avec une sorte de fougue, qui fait penser qu’ils sont heureux de jouer.
Claude Kraif



Filomène et Felix « LES JOURS HEUREUX » 
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Écrit par Claude KRAIF   
25-07-2012

Collège de la Salle : Avignon du 7 au 28 juillet 2012

Cie : Le Voyageur Debout
Mise en scène : Jean-Luc Bosc
Musique : Jean-Christophe Kibler
Avec : Jean-Luc Bosc,  Marie-Emilie Nayrand
Filomène et Félix sont sur une scène. On dirait une piste de cirque entourée d’un ruban lumineux. Le voile de Mariée, c’est la marque du bonheur pour Filomène. La commémoration du jour heureux par excellence. Avec leur talent de clowns ils vont évoquer des moments de la vie conjugale. Des bonheurs simples et d’autres moments plus difficile de la vie de tous les jours, quand l’âge, l’adversité ou l’adaptation à la modernité, rendent les choses plus compliquées. Le spectacle est drôle, mais c’est la poésie qui l’emporte. La tendresse et la gentillesse sont les ingrédients qui permettent sans aucun doute, la continuité paisible des jours heureux.
Claude Kraif



CE CORPS QUI PARLE de Yves Marc
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Écrit par Claude KRAIF   
28-07-2012
Espace Alya : Avignon du 7 au 27 juillet 2012

Théâtre du Mouvement
Interprète : Yves Marc
Yves Marc est un passeur. Dans ce spectacle il nous fait part de son expérience d’acteur et de ce qu’il a pu observer. Par son métier de comédien et de mime il doit avoir conscience de tous ses mouvements, ses postures, ses gestes, de constater combien ce corps est doué d’expression, comme nous le montre si bien les vedettes  du cinéma muet.
Le corps parle à notre insu. Il convient donc d’apprendre à lire ce que le corps écrit dans l’espace. Que veut dire telle façon de marcher ou  de pencher la tête. Les gestes précèdent et inspirent la pensée. Ils nous guident de façon inconsciente. Ainsi Yves Marc nous en fait la démonstration. Il utilise certaines connaissances scientifiques, l’étude du cerveau, les localisations précises des centres neuronaux qui interagissent chacun dans leur spécialité.
En fait le corps utilise un langage muet, une expression à la fois parlante et silencieuse. Ce spectacle est drôle, mais au-delà, il se révèle utile, voire même indispensable. Nous connaissons sans en avoir conscience le langage du corps qui est universel, mais ici, nous apprenons à le lire et aussi à l’écrire.
Claude Kraif




DOCTEUR GLAS
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Écrit par Claude KRAIF   
29-07-2012

Espace Roseau : Avignon du 7 au 28 juillet 2012

Mise en scène : Hélène Darche

Avec : John Paval, Sofia Maria Eraimsson

Grandeur d’âme, amour désintéressé, élégance, nous aimons les personnages de Hjalmar Söderberg, sans les juger, même si leur relation peut les amener au crime. Le docteur s’éprend de sa patiente ce qui nourrit d’autant plus la compassion qu’il éprouve à la voir souffrir et le désir ardent de lui porter secours. Existe-t-il des êtres dont l’ignominie peut justifier de les faire disparaître ? Existe-t-il des causes qui soulèvent assez notre indignation, assez nobles qu’il faille accepter de se compromettre au point de sacrifier sa tranquillité d’honnête bourgeois ? Telle est la question que se pose le docteur Glass. Cette question l’auteur la pose comme un défi au mépris de la controverse.  
Les deux acteurs jouent avec une telle conviction qu’il est impossible de mettre en doute la grandeur de leurs sentiments. Nous sommes tout disposés à militer en leur faveur au mépris de la morale, surtout quand cette morale autorise le viol sous prétexte de droit conjugal.
Les comédiens nous prennent à témoin en nous racontant et en nous faisant vivre les temps forts de leur relation.  Par l’intensité de leur jeu, ils revendiquent des droits élémentaires,  le droit à l’amour, le droit de vivre et de disposer librement de son corps.
Claude Kraif