"ETAT DE SIEGE (L')", d'Albert Camus |
Écrit par Claude KRAIF | |
24-04-2012 | |
TRAC (Théâtre Rural d’Animation Culturelle)
Beaumes de Venise
Mise en scène : Vincent Siano
Avec :
Sarah
Ballestra, Camille Laffuitte, Pierrick Bressy-Coulomb, Pierre Berlioux,
Lise Dauvois, Pierre Chalvidal, Noémie Berliner, Jean-Michel Lambertin
Le chœur des femmes :
Annie
Chalvidal, Marie Coquet, Marie-Jo Cornillet, Nicole Ferrer, Florence
Galvez, Elisabeth Laine, Azucena Rubio, Claude Vilquin
Cette pièce de Camus fut
accueillie froidement lors de sa création en 1948. Pourtant la
pertinence du propos décrit lucidement la mise en place du
totalitarisme et la mécanique inexorable qui utilise la logique et la
peur comme outils de pouvoir et de domination.
La
mise en scène inventive de Vincent Siano donne au propos un souffle à
la fois épique et joyeux. C’est d’une fable qu’il s’agit comme d’un
opéra populaire avec ses chants du monde portés par un chœur de femmes.
La scène est une place de village avec ses tréteaux et ses portiques
destinés à porter la parole des bonimenteurs et des politiciens. La
« Peste » qui incarne le pouvoir absolu est incarnée par une comédienne
dont la féminité et la séduction contrastent avec l’image habituelle
d’un dictateur. Elle en fait un personnage infiniment plus redoutable,
cynique et cruel. La secrétaire, comptable et exécutrice, la main armée
du tyran, elle aussi belle et séductrice, donne à ce couple de pouvoir
une ambiguïté trouble et androgyne quant à des attributs associés
d’habitude à la virilité et à la force.
L’interprétation
des comédiens est combative, généreuse, pleine de jeunesse. Ce lieu du
Trac de Beaumes de Venise est visiblement habité par la magie du
théâtre.
C’est un spectacle
intemporel où quiconque peut se reconnaître, aussi bien par son courage
que par sa lâcheté. Deux autres personnages font contrepoids dans la
balance du bien et du mal, de l’espoir et du désespoir. Ce sont les deux
amoureux. L’amour lui aussi est sans partage.
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